Jeudi 24 mai à 19h : "Albert Guérin, compagnon de la Libération ou comment la France libre a changé le rôle politique des Français de l'étranger"

Albert Guérin, compagnon de la Libération ou comment la France libre a changé le rôle politique des Français de l'étranger

 

Fils d'industriel, Albert Guérin est né le 24 mars 1893 à Avignon.

En 1911 il s'installe en Argentine pour reprendre l'entreprise de parfums paternelle mais rentre en France à la déclaration de guerre de 1914, pour être mobilisé dans l'artillerie.

Il se distingue en juin 1918 et est intoxiqué par les gaz. Il reçoit une citation et la croix de chevalier de la Légion d'honneur mais aussi une invalidité de 55%.

En 1920, le sous-lieutenant Guérin est rayé des contrôles de l'armée en raison de ses blessures de guerre.

A Buenos Aires, il y préside la chambre de commerce et le Comité des sociétés françaises en Argentine.

Ce notable patriote et républicain refuse immédiatement l'armistice et, dès le 25 juin 1940, crée un comité d'ancien combattants à Buenos Aires et fonde immédiatement le Comité de Gaulle (Comité de la France libre), le premier de toute l'Amérique du Sud.

Célibataire, il délègue ses affaires et se consacre dès lors entièrement au comité qu'il préside. Faisant preuve d'une inlassable activité, il rassemble les Français qui refusent la défaite et lève des fonds pour soutenir l'effort de guerre de la France libre.

Dès juillet 1940, il est l'initiateur et le rédacteur du bulletin Pour la France Libre, imprimé en français et en espagnol, à 10 000 exemplaires au début puis jusqu'à 150 000 par numéro. Le bulletin est diffusé, au-delà de l'Argentine, sur tout le continent américain.

Dans ses écrits, Albert Guérin fustige d'abord la personne du maréchal Pétain – dont il s'efforce de déconstruire l'image de sauveur – et la collaboration avec l'Allemagne. Compagnon de la Libération en octobre 1941, il en sera l'unique exemple parmi les responsables des 400 comités que compte la France libre. Mais son engagement lui vaut aussi une condamnation par contumace du tribunal de Gannat à 15 ans de bagne et la déchéance de la nationalité française.

Lorsque, en Afrique du Nord, après le débarquement anglo-américain du 8 novembre 1942, l'amiral Darlan puis le général Giraud gardent les commandes, Guérin fait flèche de tout bois en faveur de De Gaulle. Il finance un hebdomadaire, La France nouvelle, violement anti-giraudiste se montrant parfois plus gaulliste et intransigeant que les représentants officiels du Général.

En octobre 1943, il est désigné comme représentant de l'Amérique du sud et de l'Amérique centrale à l'Assemblée consultative provisoire d'Alger puis à celle de Paris en 1944.

Après la guerre il reprend ses activités d'industriel et est également vice-président du comité directeur des Français de l'Etranger.

Albert Guérin est décédé à Buenos Aires, le 19 mars 1974. Il est inhumé à Aiguilles en Queyras dans les Hautes-Alpes.

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Bruno Leroux est historien, membre du conseil scientifique de la Fondation de la France libre. Chargé des études et recherches de 1981à 1984,  puis secrétaire général adjoint de 1989 à 1992 de l'Institut Charles de Gaulle, il devient en 1999, directeur historique de la Fondation de la Résistance jusqu'en 2017. Il est aussi coordinateur et co-auteur du Dictionnaire historique de la Résistance dirigé par François Marcot (Laffont, 2006).

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